Grand Bal de Printemps
2011 le Samedi 18 Juin 2011 |
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L’AMBASSADE DE SIAM À FONTAINEBLEAU EN JUIN 1861 Fontainebleau, résidence royale… et impériale
Le château de Fontainebleau a abrité trente-quatre souverains de Louis VI le Gros à Napoléon III. Son histoire s’étend sur près de sept siècles. Depuis François Ier, chaque roi a souhaité laisser une empreinte de son passage, en commandant plusieurs séries de travaux visant à embellir les lieux. Napoléon Ier ayant eu à son tour beaucoup d’intérêt pour le domaine, il était donc naturel d’y voir séjourner son neveu, Louis Napoléon Bonaparte en tant que souverain. Eugénie, fervente admiratrice de la reine Marie-Antoinette, ne pouvait qu’apprécier ces moments de villégiature impériale, qui devinrent une véritable institution
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La Cour impériale à Fontainebleau, photo de 1860 C’est le plus souvent au mois de juillet que la Cour se rendait en cette résidence séculaire. Les invités y arrivaient par séries, pour des séjours plus ou moins longs, préalablement fixés selon leurs rang et importance à la Cour. Ils n’excédaient jamais quinze jours, sauf pour les princes du sang ainsi que les familiers du couple impérial. |
L'impératrice y organisait de longues promenades en forêt, des déjeuners sous les arbres ou sur l’herbe, assouplissant l’étiquette afin de profiter pleinement de ces activités champêtres. Le soir, on s’égarait dans les allées du parc, quand une pièce de théâtre n’était pas jouée dans les salons de réception ou un bal improvisé à la toute dernière minute. |
Palais de Fontainebleau : les séjours de la Cour de Napoléon III Dans les jardins, de l’après-midi jusqu’au clair de lune, les dames appréciaient de jeter des brioches aux carpes de la pièce d’eau, tandis que des barques, gondoles et parfois de petits bateaux à vapeur étaient mis à disposition de tous. |
Feu d'artifice au château de Fontainebleau, 1863 Un soir, comme en témoigne dans ses mémoires une marquise ayant séjourné à Fontainebleau, une partie de la Cour, ainsi que l’Impératrice et deux de ses dames d’honneur, tous costumés, prirent part à un bal donné en plein air au milieu des arbres, qui dura jusqu’au petit matin.
Réceptions impériales Malgré l’idée de faire de Fontainebleau un véritable lieu de villégiature, la diplomatie n’en a jamais été absente. Les 15 et 16 décembre 1856, on reçoit le Prince royal de Prusse, futur empereur Guillaume Ier. Du 17 au 24 mai 1857, c’est au tour du roi de Bavière, Maximilien II, d’être accueilli à Fontainebleau. On reçoit la même année le tsar et le grand duc de Russie. |
Guillaume Frédéric |
Maximilien II Joseph |
Alexandre II Nicolaïévitch |
La politique extérieure menée par Napoléon III au cours de son règne est si étendue que les différentes missions lancées par l'Empereur n'auront jamais vraiment de liens entre elles.
Sous le Second Empire, la France est présente sur les cinq continents. Tandis que des guerres éclatent en Crimée, en Italie, en Algérie ou au Moyen-Orient, des expéditions militaires franco-anglaises partent aussi pour la Chine et l'Extrême-Orient, dans le but de collaborer avec ces puissances étrangères et d'obtenir des comptoirs. Le roi de Siam ouvre des négociations, et un traité de paix est signé avec la France le 15 août 1856. Les missionnaires français peuvent s'installer, les routes commerciales sont ouvertes. Des expéditions effectuées de 1858 à 1861 permettent à la France de s'établir jusqu'en Cochinchine, ainsi qu'au Cambodge.
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Rama IV Mongkut (1804-1868) |
Rama IV et son fils le Prince héritier Chulalongkorn |
Rama IV Mongkut, roi du Siam, désireux d'empêcher la France d'entamer trop rapidement des négociations avec son principal rival, le roi du Cambodge, qui règne avec lui à la tête de l’empire d’Annam, fait envoyer une délégation siamoise à Paris afin de se présenter officiellement à l'empereur Napoléon III. Jean Léon Gérôme, Réception des Ambassadeurs de Siam au Palais de Fontainebleau, le 27 juin 1861
LES AMBASSADEURS SIAMOIS
Une estrade a été placée au fond de la salle devant la cheminée monumentale qui en occupe toute la hauteur, et en face de la tribune des musiciens. Sur cette estrade, au-dessus de laquelle on a tendu un vaste dais de velours rouge, parsemé d'abeilles d'or, on a préparé un trône pour Napoléon III, un autre pour l'Impératrice et un siège plus bas pour le Prince Impérial. Il est cinq heures du soir. L'Empereur, qui vient de passer la revue de la garnison de Fontainebleau, fait son entrée dans la galerie, tenant par la main son fils, et accompagné par le ministre d'Etat, le ministre des Affaires étrangères, le maréchal Vaillant, le maréchal Alagnan et les officiers de sa maison. Un instant après, l'Impératrice, en manteau de cour, avec les plus beaux diamants, les plus riches joyaux de la couronne, fait son apparition. La duchesse de Bassano porte sa traîne. Les dames et les officiers de sa maison la suivent. Sa beauté fait plus d'impression que la splendeur de sa parure. Leurs Majestés s'étant assises sur leurs trônes, le duc de Cambacérès, grand maître des cérémonies, demande à l'Empereur la permission d'introduire les ambassadeurs siamois. Précédés par les aides des cérémonies, et accompagnés par M. de Alontigny, ministre plénipotentiaire, et par l'abbé de la Renaudie, missionnaire, qui leur sert d'interprète, ils font leur entrée dans l'ordre suivant : les trois ambassadeurs, un à un ; le fils du second ambassadeur, enfant de dix ans; les secrétaires et attachés de l'ambassade, deux par deux. Très richement habillés, ils ont des casaques et des pantalons de brocart d'or ; ils portent des sabres attachés au côté par une ceinture dont la plaque est ornée d'un éléphant d'argent. Comme ils le font quand ils paraissent devant leurs souverains, ils s'avancent en marchant sur les genoux. Cette étiquette orientale ne laisse pas que d'être assez pénible. Une pareille marche est difficile surtout pour le premier ambassadeur, qui, coiffé d'un chapeau conique à larges bords, mal fixé sur sa tête, tient entre les mains une grande coupe d'or, dans laquelle sont déposées deux boîtes contenant chacune la lettre des rois co-régnants de Siam. Arrivé à l'endroit où il doit s'arrêter, le premier ambassadeur place devant lui la coupe, et se prosterne trois fois jusqu'à terre, en élevant les mains jointes au-dessus de sa tête. Puis, s'étant accroupi, en s'appuyant sur le coude droit, il lit un discours en langue siamoise, dont l'abbé de la Renaudie fait immédiatement la traduction. « Nous prions Votre Majesté, est-il dit dans ce discours, de vouloir bien nous permettre de lui assurer bien sincèrement que nos souverains, les deux rois de Siam, ont reconnu que l'amitié mutuelle établie entre votre empire et le royaume de Siam est devenue une source de bonheur pour les deux nations. « Quant à nous, membres de l'ambassade, nous avons reçu une preuve de la faveur de Votre gracieuse et excellente Majesté en ce que nous avons été transportés sur des navires de guerre français depuis Siam jusqu'à la capitale de votre Empire, où nous avons été traités avec honneur et avec une prévenance pleine d'attentions par les membres du gouvernement de Votre Majesté, dont nous nous plaisons à reconnaître avec joie la courtoisie... Il nous faudrait trop de temps pour exprimer à Votre Majesté Impériale les sentiments de reconnaissance dont débordent nos cœurs. » L'Empereur répond par quelques bienveillantes paroles, que l'interprète transmet dans leur idiome aux ambassadeurs, qui les accueillent en se prosternant de nouveau trois fois. Puis le premier ambassadeur reprend la coupe contenant les lettres royales, et franchit péniblement, toujours sur les genoux, avec le secours des aides de cérémonies, les marches du trône pour remettre à Napoléon III les lettres de leurs souverains. L'Empereur se lève, prend dans la coupe les deux boîtes qui contiennent ces lettres. A ce moment, toute l'ambassade se prosterne encore trois fois. L'audience officielle est terminée. Leurs Majestés, qui n'ont pas vu sans regret les exigences de l'étiquette des pays d'Extrême-Orient, s'approchent alors des ambassadeurs, les font se relever, et leur parlent avec une grande affabilité. L'Impératrice remarque le fils du second ambassadeur. C'est un joli enfant, à la figure intelligente ; elle l'embrasse. « Maintenant, mon fils, s'écrie le père, tes jours seront heureux. » Les présents des deux rois de Siam sont exposés sur des tables dans les embrasures des fenêtres de la galerie. On remarque une couronne avec oreillettes, en filigrane d'or émaillé, un trône, un palanquin, un harnachement de cheval couvert d'or et de pierreries, des parasols en brocart, des coupes d'or massif, des émaux cloisonnés, des étoffes magnifiques, des armes d'une extrême richesse. Les ambassadeurs se retirent, font honneur à une collation
préparée pour eux, et regagnent la gare dans les voitures
impériales.
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Pour les derniers conseils de mode :Télécharger ici le Bal illustré du 18 juin 1861.
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